Une quête à l'écoute des profondeurs de l'être
A travers mon travail artistique, je cherche à exprimer ce que nous autres, humains, taisons au quotidien, ainsi que ce qui se meut en nos êtres à notre insu.
Il s'agit de ce par quoi nous sommes traversés en permanence sans pouvoir ou oser le dire, faute de capacités humaines, ou par observation des règles sociales.
Je cherche à redonner une place à nos pensées fugitives, cachées, nos incongruités, nos grains de folie, à faire honneur à ce que nous ne voulons voir en face, à nos incompréhensions, nos travers sociaux, nos torsions et distorsions, nos élans, nos recherches, nos appels, nos désespoirs, notre trop plein de chaleur, notre néant, nos manques, nos retournements intérieurs; bref, ces remous intérieurs qui nous agitent et que nous tentons de mettre de côté pour survivre.
Par mon travail, je veux aussi faire apparaître les connexions du cerveau humain, celles qui mettent en relation des éléments se présentant au premier abord comme totalement étrangers les uns aux autres. Éléments que nous nous empressons de placer dans des cases bien établies afin de nous rassurer.
Je cherche à révéler certains méandres de l'esprit, qui, à l'instar des rêves ou des associations d'idées, constituent notre humanité.
Ma quête est à l'écoute des profondeurs de mon être.
J'explore l'agencement pictural d'éléments mettant en évidence un monde intérieur riche et singulier, celui d'un être humain;
et en arrive à composer des univers aux pistes brouillées mais au contenu certain.
Des années de dessin d'observation me constituent à présent un large répertoire de formes, engrangées et resurgissant de façon inattendue.
Quel polisson c't Animal !
L' ensemble de mon travail évoque la relation à notre compagnon intérieur de chaque jour. Ami sincère d’un côté, ennemi juré de l’autre.
Il est ce vivant que nous rencontrons au quotidien au détour de nos gaucheries, nos timidités, nos instants de surprise, de joie, de rire, nos pulsions, nos haines, notre élan vers autrui, etc.
Il se meut à notre place, nous joue des tours, nous rend maladroits, touchants, émouvants.
Il est celui-là même qui nous fait dire une chose à la place d’une autre et dirige nos actes.
Prenant possession de notre personne, il met à jour nos incongruités et s’amuse à nos dépends.
Un souhait serait de l’occulter. Nous tentons alors de nier son existence.
Parfois conscients de sa présence, nous jurons de le terrasser, de triompher de lui afin de nous réapproprier pleinement notre personne.
Maîtriser nos gestes, nos actions, notre énergie, nos désirs pourrait nous sembler apaisant, imaginant que cela génèrerait des comportements responsables, engendrant sérénité et amour.
Avouons tout de même que ce compagnon secret distille de la poésie dans nos vies.
Son choix est parfois même dans l’accompagnement, sans même nous mettre des bâtons dans les roues. Il entoure alors nos vies d’adultes, nous permettant de jouir du bonheur d’être en vie et en lien avec autrui.
Quoi qu’il en soit, ami ou ennemi, ce complice finira ses jours avec nous, vieux os que nous serons.
Quel polisson c’t’Animal !